Le changement climatique, la finitude des ressources, la transition énergétique, l’économie circulaire marquent l’émergence – ou le retour – d’une réflexion sur la dimension métabolique des sociétés, c’est-à-dire sur les relations entre les sociétés et les matières qui leur permettent de se reproduire. L’« Anthropocène » ré-interroge les conditions de possibilité bio-physiques du « social » et leurs implications. Quelles sont les frontières et l’autonomie de la société par rapport à ce qui avait été défini comme en-dehors d’elle – l’environnement, la nature ? Comment comprendre et analyser aujourd’hui l’entrée dans le social d’entités qui lui restaient périphériques : le climat, l’énergie, les matières ?

Le cours aborde ces questions de plusieurs points de vue. Un premier objectif est replacer la question du métabolisme social dans le temps long et les pensées de la société : on cherchera à montrer que la réflexion sur le métabolisme contemporain est singulière car doublement marquée par les approches de quantification du métabolisme et par le discours de la catastrophe. Un deuxième objectif est de montrer comment les matières et l’énergie sont « encastrées » dans la société : relevant de systèmes socio-techniques, enjeux de pouvoir, matières et énergie font l’objet d’appropriations, de négociations, de conflits qui informent et renseignent sur les dynamiques sociales. Enfin, le cours abordera les enjeux de gestion politique des flux de matières et d’énergie en montrant que cette gestion achoppe sur des questions scalaires hautement complexes.