Walter Benjamin (1892-1940) n’est pas un théoricien de l’art en général, même si son œuvre est jalonnée par de nombreux écrits sur l’art, ou plutôt sur certaines formes d’art. Il a certes publié un article devenu célèbre sur « L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique » (1935), mais il s’est d’abord défini comme « philosophe du langage » (1921), puis comme un des « premiers critiques littéraires de langue allemande » (1930), enfin comme un « historien matérialiste » (1939). Pourtant, ses tout premiers écrits, en particulier sa thèse de doctorat, témoignent d'une connaissance profonde de la théorie de l’art et de la « critique d’art » (Kunstkritik) des Romantiques allemands, en particulier de Novalis et Schlegel d’une part, de Goethe et de Hölderlin d’autre part. Benjamin va ensuite retravailler, tout au long de sa vie – à la fois comme philosophe et comme écrivain – le modèle romantique d’une œuvre d’art capable de fournir ses propres critères d’interprétation, et de provoquer non seulement la réflexion de qui l’appréhende, mais aussi d’apparaître elle-même comme une entité capable de réflexivité.
Le cours s'attachera à souligner l’héritage romantique de la philosophie de Benjamin, tout en distinguant entre les origines d’abord spécifiquement littéraires de la « Kunstkritik » romantique, et les transpositions qui ont pu en être faites par Benjamin à propos d’autres médiums artistiques. On étudiera à la fois les sources intellectuelles de Benjamin et les développements singuliers qu’il leur a donné, par exemple à propos du concept d’aura. On explorera enfin le lien original que Benjamin a pu établir entre réflexivité esthétique et philosophie de l’histoire.
Le cours est conçu à la fois comme une introduction à la théorie de l’art des Romantiques et comme une exploration des écrits sur l’art de Benjamin. Il s’adresse à quiconque s’intéresse à l’esthétique et/ou à la philosophie de langue allemande.